Rencontre avec l'Ambassadeur de France à Berlin, Bernard de Montferrand

Emil, Clara, Jean-Victor et David ont rencontré l’ambassadeur de France à Berlin, Bernard de Montferrand, dans la bibliothèque de l’ambassade. Il nous a parlé de Berlin. On a aussi voulu évidemment savoir s’il aimait l’école quand il avait notre âge. Eh bien non : « A notre âge, l’ambassadeur n’aimait pas beaucoup l’école, il n’était pas très sage, et même un peu chahuteur. Sa matière préférée, c’était l’histoire parce que c’était vivant, et la géographie parce qu’il adorait dessiner des cartes. Quand il était enfant, l’ambassadeur ne voulait pas du tout devenir ambassadeur, il voulait devenir pilote d’avion, parce qu’on va loin et vite et parce que c’est moderne. Et parce qu’on vole… »


Et pourquoi vous n’êtes pas devenu pilote d’avion ?
Parce qu’après, ça a quitté mon esprit. Et puis, il faut faire des études scientifiques pour ça, et moi j’étais très mauvais en mathématiques et en physique-chimie. J’ai plutôt fait des études littéraires.

Avec qui avez-vous appris l’allemand ?
Mon premier poste à l’étranger était à Berlin, il y a de nombreuses années. C’est là pendant trois ans que j’ai appris l’allemand. Tous les matins avant mon travail, je faisais une heure d’allemand. J’ai essayé de l’améliorer et c’est très difficile !

De quoi vous occupez-vous en ce moment ?
En ce moment, je m’occupe beaucoup à préparer la présidence française de l'Union Européenne. Tous les six mois, il y a un pays qui est président de l’Union Européenne. Il y a 27 pays dans l’Europe et la France sera présidente à partir du 1er juillet 2008. Et donc nous, dans les ambassades de chaque pays européen, on prépare un programme pour cette présidence européenne.

Et vous allez faire quelque chose de spécial à Berlin ?
Oui, d’abord pour le 14 juillet, cette année, on va faire un grand bal le 13 juillet au soir, ici sur la Pariser Platz, avec des orchestres français pour que les gens se disent, le 14 juillet c’est la fête de la liberté, c’est un moment où on a envie d’être ensemble.

Comment trouvez-vous Berlin ?
J’aime beaucoup cette ville parce que c’est pour moi une ville très émouvante qui a beaucoup de vitalité. C’est émouvant parce qu’on ne fait pas cent mètres à Berlin sans trouver un endroit où il y a eu des choses assez terribles qui se sont passées pendant l’histoire et où on voit encore des blessures de la guerre. C’est une ville qui avait été complètement détruite. Et en même temps, c’est une ville extraordinaire parce que la vie est complètement revenue. Quand on voit des photos de la Pariser Platz il y a encore 20 ans, il n’y avait rien, sauf la porte de Brandebourg, sauf l’hôtel Adlon qui était un petit hôtel. Et quand on voit cette place maintenant, c’est un symbole magnifique de la vitalité des hommes et surtout du courage des Allemands d’avoir reconstruit tout ça.

Qu’est-ce qui pourrait changer à votre avis dans Berlin ?
Quelle question… Le ciel, non ? Moi, je pense que Berlin va encore prendre beaucoup plus d’ampleur qu’aujourd’hui parce que c’est une ville qui a d’abord été détruite et puis ensuite qui a été enfermée par un mur, qui a vraiment été un endroit où il y a eu une tension très forte entre les hommes puisqu’il y avait le régime libéral de l’Ouest et le régime communiste de l’Est. Aujourd’hui, c’est fini tout ça, l’Allemagne s’est réunifiée, Berlin est redevenue une vraie ville. C’est une dynamique tu vois, tout d’un coup on ne sait pas pourquoi il y a des villes qui sont très attractives et puis d’un coup, des villes où on a moins envie d’aller. Aujourd’hui Berlin est une ville en Europe où les gens ont envie d’aller parce qu’ils sentent qu’il y a quelque chose qui se passe. Et je crois que ça continuera.

Quel genre de cuisine allemande aimez-vous ?
Alors ça paraît bizarre, mais ce sont les harengs, les harengs de la Baltique, j’adore ça.

Vous faites vous-même la cuisine ?
J’aime beaucoup faire la cuisine. J’aime bien en été, quand je suis en vacances, boire un verre avec des amis et faire la cuisine parce que d’abord on fait des choses très agréables, et ensuite ça vous change les idées complètement.

Quel endroit en Allemagne vous rappelle la France et l’Allemagne en même temps ?
Il y a beaucoup d’endroits mais il y a un petit musée qui s’appelle le Brückemuseum, le « musée du pont », c’est une école de peinture allemande du début du 20ème siècle. J’aime beaucoup ce petit musée parce que, quand on y va, on est très tranquille. On peut regarder ces tableaux qui ont une grande force. Cela fait beaucoup penser à la France parce que les artistes qui ont fait ces œuvres étaient très inspirés par les artistes français qui s’appellent les Fauves. Donc, c’est un lien de famille avec la France.

Quel est votre endroit public préféré en Allemagne et est-ce que vous y allez souvent ?
C’est cette place-là, la Pariser Platz, parce que c’est beau, non ? Avec la Porte de Brandebourg. J’aime beaucoup m’y promener ou aller vers le Tiergarten à pied, ou en courant d’ailleurs.

Qu’est-ce qui ne vous plaît pas dans votre métier ou qu’est-ce qui vous ennuie ?
Je n’aime pas beaucoup les choses officielles, c’est ennuyeux. Quand on est invité dans des dîners et qu’on se retrouve assis à côté de quelqu’un avec qui on n’a pas de sujet de conversation passionnant, ça m’ennuie beaucoup. De même, ça m’ennuie beaucoup d’entendre des discours trop longs ou des gens qui font des discours pour le plaisir de faire des discours. On écoute et on se dit à la fin « Mais mon Dieu, qu’est-ce qu’il a voulu dire ? »


Qui fait vos courses ?
Qui fait mes courses ? Eh bien, souvent je fais mes courses ou alors ma femme me fait quelquefois des courses. De temps en temps, je m’aperçois que je n’ai plus d’encre dans mon stylo, alors je demande à quelqu’un, quand je ne peux pas y aller, de m’acheter une bouteille d’encre, mais en général je fais plutôt mes courses moi-même.


Quel était votre livre préféré quand vous étiez petit ?
Tintin, naturellement ! Les contes de Perrault aussi. Ça me faisait très peur. J’ai aussi beaucoup lu « Les Signes de piste ». Quand j’y repense aujourd’hui je me dis que ce n’étaient pas de très bons livres, c’était moins bon que Tintin en tous cas.


Quel est votre animal préféré ?
Le cheval.


Pourquoi ?
Parce que c’est un bel animal. Quand j’étais enfant, je suis beaucoup monté à cheval. Je me suis beaucoup attaché à plusieurs chevaux. Quand tu montes le même cheval presque tous les matins, tu as tout d’un coup une relation très forte avec lui. Tu sens quand il n’est pas content, tu sens quand il a envie de t’envoyer par-dessus bord et de se débarrasser de toi, ou au contraire tu sens quand il a vraiment envie de faire les choses bien, de se détendre, etc. C’est une grande satisfaction.


Et les loups ?
Je ne suis pas vraiment capable de te répondre parce que je ne connais pas de loup.


Et en avez-vous peur ?
Je ne me suis jamais retrouvé tout seul en face d’un loup ! Donc je n’en ai jamais eu peur mais ça pourrait venir !


Est-ce que vous avez une question à nous poser à nous ?
Oui. Qu’est-ce que vous avez envie de faire quand vous serez grands ?


Clara: J’aimerais bien être pâtissière. Je m’y connais en gâteaux et j’aime bien en faire.
C’est un beau métier ! Et tu es très gourmande ?
Clara: Ça va.

Et toi ?

Emil: Alors moi, j’aimerais bien être vétérinaire dans un zoo pour apprendre à connaître les animaux sauvages qu’on n’apprend pas à connaître en ville, qu’on ne voit pas ici. Ou alors je pourrais être cuisinier dans un restaurant ou chanteur d’opéra.
Tu sais chanter déjà ?


Emil: Oui, je fais partie de la chorale à l’école.
Et toi, tu as envie de faire quoi ?


Jean-Victor: J’aimerais bien devenir explorateur.
Mais il n’y a plus tellement d’endroits à explorer ! Où veux-tu aller ?


Jean-Victor: Au pôle nord.
Alors dépêche-toi, presque tout a été exploré ! Ou alors, au centre de la terre, comme Jules Verne…

 

Interview: Clara, Emil, Jean-Victor et David

Photos: © Grand méchant loup

- Avril 2008