« J'avais des images en tête et je voulais leur donner vie »

Interview avec Maud Garnier, réalisateur du film L'absente

 

Maud Garnier aime écrire pour les enfants, et surtout en faire les personnages principaux des histoires qu’elle raconte. Pour son premier court-métrage, L’absente, elle nous parle de Léa. Cette petite fille 10 ans vient de perdre sa sœur et doit apprendre à se séparer d’elle, à la laisser partir, et à accepter son absence définitive. « Un film de sensations, d'images et de sons », comme le dit si justement Maud Garnier. Nous avons eu la chance de lui poser quelques questions…

 

Comment vous est venu le scénario ? Comment avez-vous imaginé cette histoire ?
Je ne peux pas vraiment l’expliquer. J’avais des images en tête et je voulais leur donner vie. J’ai toujours eu l’impression que les films existent déjà avant qu’on en écrive le scénario. En fait, il suffit de regarder un peu partout, d’observer autour de soi, de chercher dans sa mémoire, et on trouve l’idée qui fera le film. On est comme des archéologues à la recherche d’histoires à raconter, et ces histoires sont enfouies quelque part…

Combien de temps avez-vous mis à tourner le film ?
Le tournage a duré 5 jours. Mais, entre l’écriture du scénario et la diffusion du film, plus de deux ans se sont écoulés ! Pour dix minutes de film en tout.

Avez-vous rencontré des difficultés pendant le tournage ?
Oui, nous avons dû faire face à beaucoup de problèmes techniques. Le premier jour de tournage, on a perdu les fichiers sons. Tous les plans que nous venions de tourner étaient tout simplement… muets ! On a dû tout recommencer. Le cinquième jour, la caméra est tombée en panne. Mais on s’est démené pour trouver une solution et le lendemain midi on recommençait à tourner.

Y a-t-il une scène que vous préférez dans le film?
Je ne peux pas dire que je préfère une scène en soi mais il y a des plans que j’aime beaucoup. Par exemple, la petite fille qui dort dans la chambre puis dans l’herbe, c’est un plan qui me plaît particulièrement.

Il y a plusieurs moments dans le film où la sœur est présente. Comment doit- on interpréter cela ?
En fait, on peut les interpréter de mille façons différentes. Ce sont soit des retours en arrière, soit des moments que Léa s’imagi-ne, qu’elle fantasme. Libre à chacun de se faire le film dont il a envie. Ce que je veux, c’est que le spectateur soit actif et qu’il se pose des questions.

Est-ce que la mort est un thème qui vous fascine ? Ou bien c’était juste une envie pour ce film en particulier ?
Non, c’est un sujet qui me touche, mais je ne développe pas des pensées morbides toutes les cinq minutes pour autant ! Ce qui m’intéressait, c’était davantage le travail du deuil ainsi que toutes les conséquences que pouvait avoir un décès dans une famille, toutes ces choses dont on ne parle pas.

Et avec la petite fille, comment s’est passé le tournage ?
Oui, ça a été très facile. À 7 ans, elle était déjà très mature, autonome et indépendante. Pendant les répétitions, j’ai essayé de lui montrer qu’il ne fallait pas qu’elle « joue », mais plutôt qu’elle reste elle-même. Et une fois qu’elle avait compris cela, ça s’est extrèmement bien passé.

Pourquoi avez-vous choisi de tourner le film en super 16 ?
Avant tout pour des raisons esthétiques. Je voulais rendre au mieux la lumière et le soleil.

Et que pouvez-vous nous dire sur la musique du film ?
Elle a été faite par un compositeur spécialement pour le film. On a beaucoup discuté ; je lui ai expliqué ce que je voulais. Il m’a fait plusieurs propositions, je disais « oui », « non », « pas tout-à-fait »…C’était très intéressant parce qu’il improvisait sur son piano en même temps qu’il visionnait le film. C’était une expérience super chouette !

Avez-vous déjà de nouveaux plans pour l’avenir ?
Je viens de terminer ma formation de scénariste. J’ai déjà écrit un long métrage et plusieurs épisodes de séries pour la télévision donc j’attends de voir si des producteurs sont intéressés.


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