« Tout le monde a bien aimé le film, sauf ma grand-mère qui n'a rien compris  »

Interview avec Olivier Jolibert, réalisateur du film Loin du front

 

« Un film surprenant sur un thème pourtant souvent traité au cinéma, une émotion loin des clichés habituels, une maîtrise constante du rythme... » C'est ce que le Jury Selluloïd a déclaré à propos du court-métrage Loin du front à qui il a attribué son prix. Tant d'éloges sur un même film, on ne pouvait pas passer à côté... Rencontre avec Olivier Jolibert, le réalisateur.

 

Vous êtes réalisateur à plein temps ou vous faites autre chose à côté ?
Mon cursus est un peu compliqué. J’étais dans une école de cinéma à Toulouse, j’ai arrêté mes études et puis finalement j’ai réintégré cette école pour une formation spécifique en spécialité image. A côté de ça je travaille un peu, je fais des boulots alimentaires ; par exemple, je suis cadreur et assistant réalisateur de films institutionnels pour des associations ou des entreprises. Loin du front est mon premier film de fiction en tant que réalisateur.

Quelle histoire raconte votre film ?
Le film se passe en 1917 pendant la première guerre mondiale. Deux déserteurs français se réfugient dans une maison abandonnée, à quelques kilomètres du front. Là, ils tombent nez à nez avec un soldat allemand, qui se cache lui aussi… À travers cette histoire, j’ai essayé d’aborder des thèmes plus larges, comme celui du choix. Quand les Français rencontrent l’Allemand, ils ont le choix entre tirer et ne pas tirer. Tirer, c’est un réflexe qu’on leur a appris et puis finalement ils ne tirent pas. C’est comme un dilemme, et ce choix aurait pu se poser lors de n’importe quelle guerre.

Les costumes et l’intérieur de la maison ont l’air très autentiques. Comment avez-vous fait ?
On avait très peu d’argent pour tourner le film. Beaucoup de personnes m’ont aidé gratuitement. On a trouvé une vieille maison inhabitée dans le Gers que les propriétaires m’ont prêtée. On a tout cassé puis tout reconstruit à l’intérieur ; l’équipe déco a fait un boulot énorme. On a loué les costumes à Paris. Les fusils sont authentiques et ont vraiment servi pendant la première guerre mondiale.

Et où vous êtes-vous procurés des fusils ?
Euh…chez quelqu’un…(rires). Non, un collectionneur nous a prêté trois fusils, un pistolet et même un uniforme.

Vous avez mis combien de temps en tout à faire ce film ?
L’écriture du scénario a duré 2 mois. Il y a eu trois mois de préparation, notamment pour les décors, les costumes, et le casting des acteurs. Le tournage a duré une semaine. Puis pendant 2-3 mois, j’ai monté et mixé. Donc en tout cela fait 6 mois.

Êtes-vous satisfait du résultat ?
C’est mon premier film en tant que réalisateur. Avant même que le film ne soit fini, je savais que c’était une super expérience. Des collègues, des amis, ma famille, tout le monde s’y est mis. C’était vraiment une « aventure » mais en même temps on a essayé d’être professionnel, de proposer quelque chose de sérieux. J’ai montré le film à plusieurs publics et il a été bien accueilli, donc j’ai tout pour être satisfait.

De quels types de public parlez-vous et comment ont-ils réagi exactement ?
Tout d’abord, je l’ai montré à une école de cinéma. Les profs et les étudiants n’ont pas crié au génie mais ils pensaient que c’était bien fait et ils ne lui trouvaient pas de défaut majeur. Ensuite ma famille l’a vu, et ils ont tous bien aimé, sauf ma grand-mère qui n’a rien compris. Et il a visiblement bien plu aux spectateurs du festival Selluloïd, ce qui me réjouit.

Vous avez reçu le prix du public du festival.

Vous êtes content ?
Oui, très content ! Je vais pouvoir le marquer sur mon CV. Mais ce qui me touche surtout, c’est que c’est une marque de reconnaissance pour mon travail. Il y avait de très bons films en compétition et je ne m’attendais pas à ce que ce prix me revienne. En tout cas, ça me donne envie de faire un nouveau film…


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