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Etre clown à l'hôpital

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Carte de l'Europe avec en Touraine, un clown à l'hôpital

Des nez rouges parmi des blouses blanches

Nathalie Bauchet est comédienne et clown à l’hôpital. Elle fait partie d'une équipe de 97 comédiens qui s'engagent pour l'association le Rire médecin. Les jeunes reporters du Grand méchant loup l'ont interviewée :

Vous aimiez déjà faire le clown quand vous étiez à l’école ?

Quand j’étais petite, j’ai toujours été le clown de service, j’aimais bien plaisanter, faire rire tout le monde, même si ça n’a rien à avoir avec le clown que je fais aujourd’hui. Parce que c’est un métier, un travail, ça s’apprend, on ne fait pas clown n’importe comment.

Comment avez-vous eu l‘idée de devenir clown à l’hôpital ?Clown im Krankenhaus

J’ai appris qu’il existait des clowns dans les hôpitaux. Auparavant, j’avais fait une formation de comédienne et un petit peu de clown. Donc, j’ai rencontré la directrice de l’association le Rire Médecin, Caroline Simonds, avec qui j’ai beaucoup discuté. Puis j’ai passé une audition et ça a marché. Donc, ça fait 20 ans que je suis clown à l’hôpital.

Est-ce-que vous voulez donner une image rigolote des médecins pour que les enfants aient moins peur d’eux ?

Allumette Pochon, Clown im Krankenhaus Elle est bien cette question parce qu’on ne va pas forcément donner une image  rigolote du médecin. On va aider le médecin à être un petit peu moins sérieux dans sa relation avec le patient, avec l’enfant, parce que le médecin c’est aussi une personne qui aime rire, et avec le contact des clowns, ça dédramatise le côté sérieux du docteur qui, de fait, ne dit  pas que des choses sérieuses. On travaille beaucoup avec les médecins, on les accompagne aussi lors des soins, on les sollicite dans notre jeu.

Vous vous produisez où ?

On est onze comédiens professionnels dans l’équipe d’Orléans-Tours. On intervient toujours dans les mêmes services, en général deux fois par semaine pour qu’il y ait une certaine régularité, sans que ce soit tous les jours pour qu’il reste une certaine surprise. On intervient toujours en duo, jamais seul.

Die Clowns in Krankenhäusern sind meistens nicht sehr geschminkt. Nur ein bisschen weiß über den Augen, ein bisschen Lippenstift, die rote Nase natürlich, ein ziemlich schlichtes Kostüm

Racontez-nous comment ça se passe ?

On arrive le matin, on nous donne des informations sur les enfants, mais on est soumis bien sûr au secret professionnel. On nous dit qui est là, ce que l’enfant a, comment il va, car tout cela peut influencer notre jeu. Après on se change et on passe de chambre en chambre.

Comment vous habillez-vous ?

A l’hôpital, en général, les clowns ne sont pas très maquillés. J’ai juste un peu de blanc sur les yeux, un petit peu de rouge à lèvre normal, le nez évidemment et un costume assez sobre, j’aime bien les dominantes oranges et bleues. Parfois ce sont des habits que l’on détourne, c’est différent des clowns traditionnels de cirque.

Vous improvisez ou vous faites un spectacle ?

Streichhölzer - allumettes - und rote NaseOn a une fois par mois une formation, on peut travailler un répertoire commun, la façon d’entrer dans les chambres, les habits de clowns, mais même avec un répertoire commun, on ne sait pas ce qui va se passer dans la chambre dans laquelle on va. On est donc beaucoup en improvisation.

Vous avez un nom de clown ?

Oui, c’est Allumette Pochon. J’ai fait un stage de clown quand j’étais adolescente et il fallait se créer une carte d’identité de clown. Ce nom Allumette m’était venu parce que je suis plutôt quelqu’un de pétillant, ma dominante, c’est plutôt le feu, j’ai beaucoup d’énergie, je suis assez physique : ça correspondait bien au personnage.  Plus tard, quand j’ai commencé à travailler plus profondément sur le clown, j’ai eu envie un jour de trouver un nom de famille. Et Pochon, je trouve ça drôle, ça veut dire sac plastique ici, dans ma région. J’aimais bien la sonorité, je trouvais que cela allait bien. Et je peux faire des jeux de mots comme Pochon avec un P comme pig mais attention pas comme cochon !  Et ça marche bien pour les petits.

Nathalie, comédienneComment vous sentez-vous quand les enfants rient ?

C’est un plaisir de pouvoir rapporter cette petite bulle d’air à l’hôpital. Des fois on intervient dans des services où les enfants éprouvent de la douleur et quand on voit un sourire arriver, c’est magique. Parfois on ne s’y attend pas du tout, c’est très spontané. Et parfois  c’est à peine un sourire mais c’est déjà énorme selon ce que l’enfant a. Pour nous, c’est gagné dans ces cas-là.

C’est quoi l’engagement pour vous ?

C’est la rencontre avec l’autre. L’engagement, c’est l’échange. C’est prendre parti sur des choses, le défendre, le partager, le proposer, le mettre en évidence, pour rencontrer les gens. Moi, je m’engage à fond dans mon métier parce qu’il y a la création, parce qu’on s’engage, nous, les artistes, ce n’est pas qu’individuel. Mais je m’engage aussi dans ma vie privée. C’est une façon d’être.

 

Interview : Gaïa, Natalia, Mathilde et Rosalie
Dessins : Gaïa et Rosalie
Photos © Nathalie Bauchet
Texte et dessins © Grand méchant loup | Böser Wolf Octobre 2016
Clown à l'hôpital

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